Article parue dans ARTCOLLE MAGAZINE
web magazine consacré à l'art du collage
signé J.P. Varet
Dans ses Petits poèmes en prose, Charles Baudelaire narrait l'histoire de ce poète qui imaginait des formes d'anges en regardant les nuages par la fenêtre ouverte de sa cuisine et dont la rêverie fut brisée net par la clameur de sa compagne :
- Mange ta soupe, elle va être froide !
On se souvient également du facteur Ferdinand Cheval alias Facteur Cheval qui ramassait à chacune de ses tournées des pierres afin de construire à Hauterives le Palais Idéal qu'il mit toute une vie (de 1879 à 1912) à réaliser et qui est depuis 1969 classé au titre des monuments historiques.
A l'aube de ce vingt et unième siècle, l'art du collage peut se prévaloir de compter le sieur Bruno Cattafesta au sein de sa grande famille de troubadours et de trouvères aux papiers trouvés, .
Ce doux songeur sorti tout droit d'un sonnet pataphysique, arpente les trottoirs de la ville tête baissée à la recherche de papiers de bonbons écrasés sous le pas des passants.
Autant de papiers qui, suivant leurs formes, leurs couleurs et leurs froissages, lui inspirent des êtres magiques, des gnomes et des farfadets nés de son imaginaire.
Si quelques collagistes utilisent habilement les papiers dorés des petits carrés de chocolat en guise de feuille d'or, au moins en Bulgarie et entre parenthèses une belle excuse pour les amateurs de sucreries ! - Cattafesta est sûrement le seul à ma connaissance à utiliser les papiers de bonbons comme matière première de ses collages. De quoi fredonner à Bruno la célèbre chanson du grand Jacques Brel :
" Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c'est périssable... "
En la revisitant quelque peu:
" Je vous ai apporté des papiers de bonbons,
Car pour la poésie, c'est plus original... "
Mais revenons à nos bonbons et à cette vrai originalité qu'apporte Cattafesta à l'Art du collage si riche de différences, avec ou sans sucre ajouté.
Ce prospecteur des trottoirs, cet explorateur des caniveaux, où coulent encore les fleuves sauvages et irréels de notre enfance, a su par la quête de son propre Graal imagé, apporter sans compromettre l'essence même de l'Art du collage - détournement et recyclage - ce brin de folie propre aux artistes défiant les quotidiens établis.
A l’image aussi de Philippe Dereux et ses épluchures de légumes cuisinées suivant les besoins de ses collages , Cattafesta défie les conventions , et crée à partir de rien, ou guère plus - allez, admettons trois fois rien ! - une œuvre de papiers collés unique et exemplaire. A présent il n'y a plus que la Pie qui chante ou le Pierrot qui soit gourmand : Carambar, Malabar, caramel et autres armées de sucreries nous disent en chœur : si le Mistral est parfois gagnant, l'art du collage n’en sera pas perdant... PJV
